Recrutement : quand l’accent influence nos perceptions – la vidéo

Nos vidéos capsules • 25/07/2025 • 3 min

Faut-il gommer son accent pour décrocher un emploi ? Dans le monde professionnel, certains accents peuvent encore susciter des jugements. Grégory Miras, expert Unys et professeur à l’Université de Lorraine, explore avec le projet Prosophon les discriminations liées à l’accent en contexte de recrutement.
À travers des enquêtes et des questionnaires, son équipe interroge les représentations sociales associées aux accents et leur influence sur l’accès à l’emploi. Une recherche qui pose une question essentielle : peut-on rester soi-même, avec son accent, sans être désavantagé ?

  • Société
  • Transcription textuelle

    Je suis Grégory Miras, je suis

    Professeur des Universités en didactique des langues et en linguistique appliquée.

    Je travaille à la fois au laboratoire ATILF qui s’intéresse à la fois au traitement et à l’enseignement des langues et je suis à l’INSPE, donc l’Institut qui forme les futurs professeurs des écoles, notamment.

    Mes thématiques de recherche portent sur ce qu’on appelle la didactique de la prononciation en français / langues étrangères.

    Plus récemment, mes travaux s’intéressent notamment à la place des accents dits étrangers dans le monde du travail.

    J’ai donc monté un projet qui s’appelle Prosophon et qui va questionner les discriminations sur l’accent dans le monde professionnel.

    On perçoit l’accent ou on définit l’accent finalement comme la manière dont une personne qui va entendre une production orale va lui associer une identité.

    Ça peut être une entité géographique, régionale, elle peut être aussi sociale.

    Il y a différentes manières d’aborder en recherche cette question des accents,dans notre projet on se positionne justement au niveau de l’individu.

    Donc on va essayer de comprendre comment les individus vont verbaliser et construire leur rapport avec leur accent, par rapport notamment à leurs identités et à leurs expériences.

    Il est question de savoir : “Est-ce qu’on doit forcément corriger l’accent des personnes qui apprennent le français pour pouvoir accéder au monde du travail, ou est-ce qu’il est possible finalement de garder son accent et d’être un candidat tout à fait légitime pour différents types de postes ?”

    On travaille donc principalement à partir d’entretiens qui nous permettent de mieux comprendre la manière dont les individus vont créer des narratifs, raconter leur expérience de construction d’identité et de l’accent.

    Et on va également travailler à partir de questionnaires ou d’enquêtes qui vont nous permettre de récolter finalement des représentations autour des accents dans le monde du travail.

    Ce que montrent les travaux sur les discriminations sur l’accent qu’on peut appeler accentisme ou éventuellement glottophobie, montrent qu’il y a rarement une discrimination qui va être uniquement ciblée sur l’accent en lui-même, mais elle va interagir dans une forme de cumul avec d’autres formes de discriminations, qu’elles soient raciales ou sexistes par exemple.

    Dans notre groupe de recherche, on s’intéresse à un concept qui s’appelle l’agentivité, et l’agentivité, finalement, c’est un processus où l’on va amener les individus à comprendre quelles sont les contraintes et les automatismes qu’ils vont avoir dans la perception d’un comportement.

    Tout en valorisant mieux leurs compétences pour essayer de réduire les phénomènes de discrimination.

    Notre objectif est donc de pousser la sensibilisation et la formation qui permettra aux recruteurs et aux candidats de mieux se positionner par rapport à ces attendus professionnels tout en revendiquant et en assumant leurs identités.