Pour aller plus loin : Antibiorésistance : les bactériophages, une nouvelle arme ?

Points à retenir

Une alternative aux antibiotiques
La phagothérapie utilise des virus (phages) pour tuer les bactéries résistantes, comme le staphylocoque doré, notamment après des opérations.

Un traitement local et biocompatible
Des gels innovants sont développés pour libérer les phages directement sur les zones infectées, sans abîmer les tissus.

Vers une thérapie personnalisée
D’abord testée chez les animaux, la méthode vise un usage humain. Mais du travail au niveau national et européen doit encore être effectué avant que le traitement ne soit proposé à tous.

Exemples de méthodologie et matériel

Approche originale et quasi unique à l’échelle nationale, voire mondiale.

Utilisation de la microscopie AFM (Atomic Force Microscopy) pour étudier les interactions à l’échelle nanométrique entre virus, matériaux et tissus.

• Méthode habituellement employée en chimie, ici adaptée à la physico-chimie des micro-organismes.
• Permet d’analyser des propriétés comme la rugosité, l’hydrophobie, la charge ou encore l’élasticité des surfaces.
• Objectif : comprendre finement les interactions micro-organismes/environnement, au-delà du simple comportement observable.
• Une démarche pionnière à l’interface de la microbiologie, des nanotechnologies et des sciences des matériaux.

Collaborations du laboratoire

Le laboratoire de Xavier Bellanger (LCPME) collabore avec plusieurs structures, dont une start-up lyonnaise, VetoPhage, et le laboratoire Biomatériaux & Bioingénierie, une UMR de l’Inserm, du CNRS et de l’Université de Strasbourg. Le projet se distingue également par sa forte dimension interdisciplinaire, mêlant microbiologie, biologie cellulaire, science des matériaux et bio-informatique, pour développer une approche globale face à l’antibiorésistance.

Publications et engagements scientifiques

Colloque “Phages in Nancy” : 10ᵉ édition organisée du 12 au 14 novembre 2025 sur le campus Brabois Santé de l’Université de Lorraine

• Regroupe laboratoires et structures privées, piloté par le CNRS via le GdR Phages.fr, avec l’objectif de fédérer la recherche nationale autour des bactériophages
• Thématiques principales : les phages en tant que modèles ou appliqués à différents domaines, notamment écologie des phages, interaction phage-hôte, structure moléculaire des phages, thérapie/biotechnologie, et sciences humaines
• Envergure exceptionnelle : attendue à environ 150–200 participants
• Portée internationale : nombreuses contributions et participant·e·s étranger·e·s, présentations en anglais pour plus d’inclusivité
• Communauté en expansion autour de la phagothérapie, illustrée par le dynamisme du colloque et l’augmentation du nombre de participant·e·s

Propriété intellectuelle et valorisation industrielle

Avec la start-up lyonnaise et l’équipe de Strasbourg précédemment citées, les chercheurs développent des matériaux antimicrobiens destinés à être intégrés à la solution thérapeutique portée par l’équipe de Xavier Bellanger, avec en ligne de mire un objectif de commercialisation.

Anecdotes et actions citoyennes

Ce projet représente une avancée prometteuse pour les patients souffrant d’infections bactériennes cutanées ou liées aux prothèses. Toutefois, il reste pour l’instant à un stade expérimental. L’équipe de recherche insiste sur la nécessité de ne pas susciter de faux espoirs : il ne s’agit pas encore d’un traitement disponible, mais d’un chantier scientifique en cours, dont les résultats pourraient, à terme, ouvrir de nouvelles perspectives thérapeutiques.