Pour aller plus loin : Sécheresse en forêt : l’arbre peut-il encaisser encore longtemps ?

Nos articles signatures • 10/10/2025 • 4 min

Cette section permet d’approfondir les connaissances, de zoomer sur le chercheur et ses publications.

  • Pour aller plus loin

Points à retenir

Impact de la sécheresse sur les arbres et leur adaptation: Grâce des toits mobiles simulant une exclusion de pluie, les équipes de Marie-Pierre Turpault suivent la réaction des arbres face à la sécheresse, leur capacité à survivre et les mécanismes qu’ils mettent en place pour s’adapter, notamment en modifiant leur croissance (diminution de la production de bois et de feuilles et augmentation de la production de racines).

Rôle clé du potassium : Le potassium est essentiel au bon fonctionnement des arbres, mais son recyclage et son stockage sont fortement affectés par la sécheresse. Une sécheresse modérée réduit déjà sa mise en réserve automnale, ce qui contraint les arbres à puiser davantage dans le sol, mettant en péril leur croissance et leur résistance.

Importance des recherches pour anticiper l’avenir des forêts : Face à la multiplication des épisodes de sécheresse, ces études sont essentielles pour comprendre comment les écosystèmes forestiers réagissent et quelles stratégies de gestion les professionnels doivent adopter pour favoriser leur adaptation et maintenir leurs services notamment leur rôle dans le stockage du carbone.

Exemples de méthodologie et matériel

Sur 400 m² en pleine forêt, Marie-Pierre Turpault et son équipe ont construit et installé des toits amovibles pour contrôler précisément la quantité d’eau reçue par les arbres et le sol. Ce dispositif est unique en Europe sur une forêt de plus de 30 m de haut et permet de recréer des conditions de sécheresse en limitant les précipitations au printemps et en été.

Un système automatisé de bâches mobiles a été mis en place et est déclenché par des capteurs de pluie pour se déployer lors d’intempéries.

Collaborations du laboratoire

L’équipe de Marie-Pierre Turpault a une convention de mise à disposition d’une petite partie de la forêt pour l’installation du dispositif avec l’ONF, gestionnaire de la Forêt domaniale de Montiers-sur-Saulx.

Cette recherche multidisciplinaire repose sur une coopération étroite entre plusieurs laboratoires CNRS, INRAE, CIRAD ou universitaires, répartis dans toute la France à Bordeaux, Avignon, Aix-en-Provence, Marseille, Nancy et Orsay. Elle repose également sur des projets scientifiques spécifiques dans le cadre du Labex Arbre, du projet Xrisk du PEPR Forestt. Ou du DroughtForC du PEPR FairCarboN (comparaison d’expériences d’exclusion de pluie en France et dans le monde).

En parallèle, la conception et l’installation de la zone expérimentale ont largement impliqué le tissu lorrain, renforçant ainsi les synergies locales pour un projet à la pointe de l’innovation.

Publications et engagements scientifiques

Colloque : ANAE Europe et les sites expérimentaux face à la sécheresse

Le site expérimental de Montiers-sur-Saulx a été présenté lors du colloque ANAE Europe, un événement dédié aux sites expérimentaux et à l’étude des effets du changement climatique. Cette rencontre a mis en lumière les recherches menées sur la sécheresse, notamment dans le domaine agricole, et permis de partager les avancées du dispositif unique installé en forêt.

Publication : Thèse de Jeanne Touche (2022-2024)

Les recherches menées sur le site expérimental de Montiers-sur-Saulx sont également au cœur de la thèse de Jeanne Touche (2022-2024). Son travail approfondit l’impact de la sécheresse sur les forêts tempérées, en analysant les mécanismes d’adaptation des arbres et des sols face aux conditions climatiques extrêmes. Ses conclusions contribueront à une meilleure compréhension des stratégies de résilience des écosystèmes forestiers.

Anecdotes et actions citoyennes

Un site au cœur des échanges entre science et terrain

Sur le site expérimental de Montiers-sur-Saulx, de nombreuses visites sont organisées. Professionnels de la gestion forestière, chercheurs et ingénieurs viennent y découvrir les avancées du dispositif et échanger sur les moyens d’anticiper l’impact du changement climatique sur les forêts.
Les étudiants, notamment en master d’écologie, bénéficient également de visites pédagogiques pour mieux comprendre les enjeux scientifiques et méthodologiques de l’expérimentation. Enfin, le grand public est sensibilisé aux défis de la sécheresse et aux solutions mises en place pour étudier la résilience des écosystèmes forestiers.

Les coulisses de la construction : anecdotes et défis

La mise en place du dispositif a été semée d’embûches.
Une nuit, des animaux ont grignoté les fils de sondes d’humidité, obligeant l’équipe à revoir rapidement l’installation.
L’installation a été réalisée pendant la pandémie de COVID-19, ce qui a compliqué le chantier, laissant parfois seulement Marie-Pierre Turpault et son collègue pour finaliser l’ensemble et assurer le bon fonctionnement des toits mobiles. Malgré ces obstacles, le site est aujourd’hui une référence unique en Europe pour l’étude de la sécheresse en forêt.